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Programmation

JEANNE PAINCHAUD

Montréal, marée basse

Depuis toujours, je suis fascinée par l’art public et l’art de la rue, qui font le pari d’aller vers les gens et d’interpeller le quotidien du commun des mortels. Par ailleurs, frustrée que le haïku ne soit pas si connu, j’ai cherché longtemps à la façon de le diffuser autrement, et ainsi rejoindre un nouveau public de lecteurs.


Depuis toujours, je suis fascinée par l’art public et l’art de la rue, qui font le pari d’aller vers les gens et d’interpeller le quotidien du commun des mortels. Par ailleurs, frustrée que le haïku ne soit pas si connu, j’ai cherché longtemps à la façon de le diffuser autrement, et ainsi rejoindre un nouveau public de lecteurs. Un jour, mon jeune fils m’a posé une question qui m’a fait sourire, presque sous forme de haïku, que j’ai d’ailleurs insérée dans mon premier recueil qui raconte sa petite enfance, Je marche à côté d’une joie (1997) :

Est-ce que les dinosaures

peuvent s’échapper

du temps des dinosaures ?

J’ai repris la balle au bond, et me suis demandée si les haïkus pouvaient aussi s’échapper… des recueils, anthologies, revues et pages web ! Après tout, il n’est pas toujours facile de lire, et d’apprécier chaque haïku qui jaillit de la page, quelque soit le support utilisé, et en plus, lorsqu’on les lit l’un à la suite de l’autre. Le haïku est si court, ne vaudrait-il pas mieux lui trouver un écrin particulier pour le saisir davantage ? Par ailleurs, j’avais participé à plusieurs soirées de poésie où j’avais (péniblement) eu à lire mes haïkus. À chaque fin de soirée, même si je lisais mes petits poèmes deux fois de suite comme le veut la coutume japonaise, j’étais toujours déçue parce ce que je me rendais compte que ce poème est trop court et trop peu lyrique pour ce type de diffusion. Et après tout, le haïku misait d’abord, à l’origine, sur son côté pictural plutôt que sur son côté musical. Tous ces constats pour arriver à ceci : pourquoi ne pas reprendre l’idée qui sous-tend l’art public et faire descendre le haïku dans la rue, ou en tout cas dans l’espace public ?

À partir de 1997, j’ai donc imaginé toutes sortes de projets de diffusion du haïku dans l’espace public qui se sont inscrits dans la programmation de manifestations littéraires ou artistiques, ou encore d’institutions culturelles : trois expositions mettant en scène ces petits poèmes, deux parcours poétiques sur les trottoirs, une immense marelle dont chaque case présentait un haïku, un long rouleau de papier qui se déroulait en plein air et où le public était invité à retranscrire des haïkus présélectionnés, ou encore une activité participative, qui s’est tenue deux reprises, où le public fabriquait des lanternes en origami sur lesquelles on inscrivait des haïkus présélectionnés sur un thème (hiver, printemps, etc.), et qui formait au final une expo éphémère de haïkus.

www.jeannepainchaud.ca

Quelques semaines plus tard, on me faisait signe : du 4 au 17 septembre 2013, deux de mes haïkus, à raison d'un différent chaque semaine, allaient être diffusés dans le cadre du projet “Écritures publiques”. Parmi les phrases de différents artistes ou auteurs, notamment les mots de l'artiste multidisciplinaire très estimée Sylvie Laliberté et ceux de la grande poète québécoise Nicole Brossard, mes deux poèmes allaient être accueillis, les seuls haïkus du projet.

Depuis quelques années, l’art public diffuse de plus en plus de mots dans l’espace commun. Parions que le haïku, grâce à sa simplicité, sa brièveté et sa fulgurance, en fasse davantage partie. C’est ce que je nous souhaite.

- Jeanne Painchaud, haïkiste, Montréal

Tiré d'une Infolettre française de 1250 abonnés
Association pour la promotion du haïku
www.100pour100haiku.fr


Après une maîtrise en création littéraire à l'UQAM, Jeanne Painchaud fait paraître quatre recueils de poèmes haïkus, dont deux en solo (Je marche à côté d’une joie, Les Heures bleues, 1997, réédité en 2006 aux 400 Coups; Soudain, Éditions David, 2002), un autre en tandem (Sous nos pas, Éditions David, 2003) et un petit livre d’artistes à Paris avec l’artiste français Ivan Sigg (La Lune bleue, 2011).  Elle a participé à une vingtaine d’anthologies de haïkus, ici et à l’étranger.  Elle a récolté deux mentions spéciales dans des concours d’écriture de haïkus au Japon.  Elle a fait partie de jury de concours de haïkus, au Canada et en France.  Depuis 1997, elle monte plusieurs projets de diffusion de mots dans l’espace public, dans le cadre d’événements culturels : 3 expositions, un parcours poétique sur les trottoirs, un marelle-haïkus, une activité participative de lanternes-haïkus à la Nuit blanche de la Grande Bibliothèque 201).  Elle anime depuis 1997 des ateliers de création littéraire.  Elle est membre notamment de Haïku International Association, basé à Tokyo.  Elle a été invitée à des manifestations littéraires en France, aux États-Unis et au Japon.