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Programmation

Matthew Biederman

DARE Dx

Le spectre électromagnétique est le découpage du champs électrique ou magnétique dans lequel nous vivons au quotidien.


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Radiodiffusion, atelier, causeries, conférences
Au square Cabot du 29 août au 21 septembre de 17h à 21h (congé les lundis)
Vernissage vendredi 29 août de 17h à 21h
Atelier construction émetteur FM dimanche 14 septembre à 14h (gratuit)
Conférences les 20 et 21 septembre 13h à 17h


Un retour sur : DARE Dx

Matthew Biederman
un retour sur :  DARE Dx
(radiodiffusion)
Présenté au square Cabot du 29 août au 21 septembre 2008
Le projet incluait des causeries, un atelier de construction
d’émetteurs FM

Du 29 août au 21 septembre 2008, DARE-DARE présentait DAREDx, un projet de Matthew Biederman, originaire des Etats-Unis, qui portait sur la relation entre technologie, performativité et espace public. Pour l’artiste, cette relation était envisagée à partir du spectre électromagnétique et notamment à partir d’une partie spécifique de ce spectre : les ondes radios. Avant d’examiner le propos de Matthew, tentons d’abord de mieux cerner cette notion de spectre.

Le spectre électromagnétique est le découpage du champs électrique ou magnétique dans lequel nous vivons au quotidien. Il couvre un rayonnement qui va des ondes radios jusqu’aux rayons gammas en passant respectivement par les micro-ondes, les infrarouges, les ultraviolets et les rayons X. Comment reconnaître ces plages d’ondes ?

Tout d’abord, les micro-ondes. Ce sont celles qu’utilisent les téléphones cellulaires ou encore les fours à micro-ondes. Ensuite se succèdent les ondes infrarouges. Celles-ci se retrouvent notamment à travers l’usage de commandes à distances (par exemple, la télécommande d’une télévision) mais aussi par les équipements de guidage des missiles air-air ou anti-aériens. Aux infrarouges s’ajoutent les ultraviolets. Ces ondes proviennent en grande partie du rayonnement solaire mais sont aussi produites par les lampes halogènes ou fluorescentes. Ensuite, si les rayons X sont une gamme d’ondes très utilisées en astrophysique, ils sont surtout appliqués en médecine (pour la radiographie) et par les services de sécurité pour examiner le contenu des valises ou encore des conteneurs aériens et maritimes. Enfin, les rayons gammas sont les ondes les plus puissantes. Ils sont produits par des processus nucléaires ou subatomiques. Dans la culture populaire, le personnage de l’incroyable Hulk (super-héros de la série créée par Stan Lee et Jack Kirby) aurait été exposé à une dose massive de rayons gammas pour devenir cette créature colossale, à la force phénoménale.

Finalement, ce spectre est composé de deux formes d’ondes : invisibles et visibles. La partie visible du spectre se situe entre les ondes infrarouges et les ondes ultraviolettes. Elle comprend la lumière rouge, orange, jaune, verte, bleue et violette.

À partir de ce spectre, DAREDx invitait ainsi le public à ré-instaurer le droit d’occupation des ondes radios (ondes qui sont depuis peu revendues à des compagnies de téléphonie celulaire) et la présence du public au sein des radiofréquences, faisant par le fait même connaître l’existence de la communauté internationale de radiodiffuseurs amateurs. Si au Canada, cette communauté compte 50 000 membres, il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui les ondes radio sont principalement utilisées par l’armée et les organisations gouvernementales. Et notre compréhension de la « radio » se base surtout à partir d’onéreuses licences de diffusion « à sens unique », octroyés à des sociétés qui s’achètent le droit de diffuser massivement dans l’espace public, alors qu’il existe aussi des fréquences allouées à des opérateurs amateurs qui doivent seulement réussir un examen pour obtenir le droit de diffuser. Un des traits significatifs de ce type de communication est qu’il peut s’établir à partir de la voix mais aussi en image ou sous format numérique. Un des autres avantages consiste au fait qu’il s’établit sans l’intermédiaire d’un fournisseur d’accès et peut ensuite se réaliser n’importe où sur la planète : en plein bois, aux confins d’un territoire, sur un lac, en haute mer aussi bien qu’à la maison. Cette communauté ne fait pas que communiquer. En effet, les amateurs exercent aussi, à travers les radiofréquences et selon les conditions de propagation et diverses formes d’antennes, plusieurs autres types d’activités qui vont de la recherche de transmetteurs cachés à l’exploration de routes exotiques telles que celles empruntées par les météorites ou encore les aurores boréales.

Accéder aux radiofréquences, dévoiler ses explorations lors de rediffusions nocturnes, activer des émissions, donner à entendre les signaux qui entourent le public du square Cabot, tel a été l’enjeu deDAREDx. En développant ainsi une « proxémie » telle que conçue par l’anthropologue E.T. Hall, (c’est-à-dire un comportement non verbal qui possède une signification particulière en termes de régulation de l’interaction entre individus), DAREDx explorait ainsi le potentiel poétique et sensible de ces nouvelles interactions entre les corps, les lieux et les machines. Ce travail s’inscrivait aussi dans la problématique de l’exposition collective Coefficients d’intimité présentée à Oboro, exposition à laquelle participait notamment l’artiste. Cette dernière visait à cerner jusqu’où la culture qui se développe autour de l’usage des appareils de communication ou des technologies crée de nouvelles proxémies. L’usage de ces appareils estompe-t-il les espaces qui nous séparent ou plutôt les surdimensionne-t-il ? En ramenant sa problématique au niveau local, tout en assumant son implication globale,DAREDx tentait désormais le « glocal ».

- Gonzague Verdenal
Octobre 2008