Programmation

C'est une réflexion sur l'objet et la sculpture que Valérie Blass nous propose ici. L'objet-sculpture est posé là, devant le regard. Mais devant quel regard et devant le regard de qui? Valérie Blass met en place un dispositif triangulaire où trois entités interagissent : l'objet même, tel qu'en lui-même il s'offre dans toute son opacité, nous, les êtres humains, et l'Autre, l'étranger, l'animal, dont nous voudrions bien savoir ce qu'il perçoit au juste. Que peut bien faire un animal d'un objet dit abstrait et qui est conçu pour ne ressembler à rien? Mais, cessons d'être naïf. La question devient aussi la nôtre, dès que l'on tente d'intégrer ces objets dans notre environnement intime. Et les objets exposés par Valérie Blass sont délibérément problématiques. Que ce soit au niveau de leurs formes, leurs matières, leurs textures, ils suscitent des attentes et les détrompent aussitôt. Tous les paramètres habituels de la sculpture sont ici rendus équivoques. Les sculptures sont d'une abstraction trouble. On croit y reconnaître des figures qui se dissolvent vite dans l'indécidable. On les perçoit lourds, mais on comprend qu'il sont légers. On voudrait les toucher, mais l'idée de l'art nous ordonne moralement de respecter l'interdit «Ne toucher pas aux oeuvres». Dans cette ronde à trois, c'est, aux dires mêmes de l'artiste, l'objet d'art qui a le dernier mot. Il semble ironiser sur notre étonnement et notre incapacité à le saisir. Il nous regarde le regardant, se moquant de la méconnaissance de ces étranges animaux humains sur ce qu'ils ont en propre et sur ce qui leur est étranger.